Qu’on le veuille ou non, les rues de Paris ont encaissé bien plus que des pas pressés ou des klaxons ce samedi 16 mars 2019. Les revendications des Gilets Jaunes n’ont jamais été aussi visibles : l’acte XVIII a bousculé toutes les attentes. Le niveau de violence atteint ce jour-là a laissé de profondes marques. Entre boutiques pillées, le Fouquet’s dévasté, immeuble en flammes… la ville a dû passer à l’étape suivante : le nettoyage. Rendre à la « plus belle avenue du monde » un semblant de dignité, voilà l’urgence.
Une manifestation gravée dans les mémoires
Le 16 mars 2019, la mobilisation promettait d’être massive pour l’acte XVIII des Gilets Jaunes. Les chiffres l’ont confirmé : plus de 32 000 personnes ont battu le pavé partout dans le pays. Mais ce n’est pas la foule qui a le plus frappé : ce sont les scènes de violence qui ont marqué cette journée. Sur les Champs-Élysées, les Gilets Jaunes ont laissé libre cours à leur colère. Dans le chaos, une mère a même failli perdre son enfant. Le lendemain, dimanche 17 mars, les traces des affrontements sautaient encore aux yeux. Il a fallu mobiliser des équipes entières pour tenter de rendre aux Champs-Élysées une apparence présentable. L’entreprise de nettoyage a sorti l’artillerie lourde pour effacer les stigmates de cette journée noire. Mais les agents n’étaient pas seuls à la tâche. Plusieurs commerçants ont retroussé leurs manches : leurs boutiques ressemblaient à des chantiers après le passage d’une tempête.
La colère des commerçants, palpable de bout en bout
Exprimer son mécontentement, pourquoi pas. Mais tout réduire à néant ? Pour nombre de commerçants, la ligne rouge a été franchie. Sur le trottoir, un propriétaire frotte inlassablement le sol devant sa vitrine. À quelques mètres, un autre fait déjà ses comptes : remplacer toutes les vitres va coûter au moins 25 000 euros. Les boutiques dévastées du 16 mars témoignent d’une lassitude grandissante chez les gérants. Beaucoup ont dû effectuer des travaux en urgence pour réparer les dégâts causés par les projectiles. Sur les Champs-Élysées, chacun s’active : on cloue des panneaux, on renforce les devantures, on repeint les façades. Les revendications initiales ont peut-être trouvé un écho, mais le mouvement semble désormais s’égarer. Il serait temps de s’arrêter, ne serait-ce qu’un instant, pour réfléchir aux conséquences, et à la route que prend ce combat. Les ruines laissées derrière chaque cortège sont un rappel : manifester, oui, mais à quel prix ?

